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Bibliographie

En 1926, avec L'appel de Cthulhu, une nouvelle publiée dans la revue Weird Tales, HPL signe l'acte de naissance officiel de son inquiétante mythologie... Dès lors, dans la plupart de ses histoires, il incluera des éléments "cthulhiens" : citations occultes de livres maudits, noms de dieux et de créatures, lieux interdits, allusion à des événements d'autres nouvelles...

A l'origine, onze récits (bien que cette sélection soit tout à fait relative) sont rattachés à ce qui s'appellera le Mythe de Cthulhu : La Cité Sans Nom, Le festival, L'appel de Cthulhu, L'abomination de Dunwich, Celui qui chuchotait dans les ténèbres, Le cauchemar d'Innsmouth, Les montagnes hallucinées, La maison de la sorcière, Le monstre sur le seuil, Dans l’abîme du temps et Celui qui hantait les ténèbres.

L'appel de Cthulhu est incontestablement le texte à lire pour découvrir le Mythe. Il faut cependant noter que ce récit, plus qu'une histoire, est en fait une succession d'événements relatés par le narrateur, un certain Francis Wayland Thurston, lequel découvre avec effroi en même temps que le lecteur l'existence du Mythe... L'appel de Cthulhu est devenu emblématique de l'oeuvre de HPL, la pierre angulaire de sa carrière littéraire. Et pour ceux qui préfèrent découvrir Lovecraft autrement qu'à travers le Mythe de Cthulhu, on ne peut que leur conseiller la lecture de La couleur tombée du ciel (1927), une nouvelle d'épouvante magnifique, terrifiante, cosmique...

biographie - bibliographie - autre

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous trouverez dans cette rubrique du site les critiques des textes de Lovecraft. L'édition française de Robert Laffont des oeuvre de HPL (collection "Bouquins" *) étant considérée comme la plus complète, elle nous sert de référence quant à la source de ces critiques. On ne saurait que trop vous conseiller d'acquérir ces trois gros livres réédités régulièrement qui ont pu voir le jour grâce au travail admirable de Francis Lacassin : merci à lui.

Les Ouvrages: pour découvrir le Mythe, il suffit de se plonger dans les histoires d'Howard Phillips Lovecraft, révélateur à la face du monde de l'existence des Anciens... Pour ceux qui découvrent Lovecraft, voici de quoi vous familiariser avec l'univers ténébreusement séduisant du Mythe. Et pour les curieux, les plus proches amis de HPL rivalisent d'adresse dans leurs propres nouvelles angoissantes, inquiétantes, différentes et pourtant unis sous le Signe des Anciens...

 

 

 

 

 

L'abomination de Dunwich

L'abomination de Dunwich porte bien son nom : cette nouvelle est l'une des plus effrayantes de Lovecraft. Écrite en 1928, soit l'année après L'affaire Charles Dexter Ward, elle fait partie des grands textes de l'auteur, ceux qui ont forgés sa réputation et aussi son univers littéraire puisqu'on y trouve de nombreuses informations sur le Mythe de Cthulhu.

Résumer cette histoire serait la dévoiler. On retiendra simplement qu'elle se passe à Dunwich et met en scène l'un des plus fascinant personnage du panthéon démoniaque cthulhien : Wilbur Whateley, le gamin précoce aux penchants peu avouables...

La peur et la répulsion hantent cette oeuvre qui s'achève sur un final terrifiant et délirant où l'imagination de Lovecraft explose littéralement, à l'image de ce long extrait du Necronomicon au sujet de Yog-Sothoth. Toute la folie littéraire de HPL s'y ressent.

Lovecraft va encore plus loin que précédemment dans l'épouvante et dans l'action, nous entraîne dans un spirale infernale dont on ne sort pas indemne. En tous points un incontournable.

L'affaire Charles Dexter Ward

Seul roman écrit par Lovecraft, L'affaire Charles Dexter Ward est à tous points de vue son chef-d'oeuvre, la clé de voûte du Mythe de Cthulhu.

L'histoire nous entraîne dans la descente aux enfers du jeune Charles Dexter Ward, héritier d'une famille bourgeoise de Providence. Son esprit sombre peu à peu dans les affres d'une folie inhabituelle teintée d'inquiétante magie noire et de réminiscences d'un lointain parent condamné pour sorcellerie, Joseph Curwen... Le Dr. Willett, médecin de Charles, va peu à peu découvrir avec effroi l'horrible vérité...

Ce texte est un concentré d'épouvante lovecraftienne, relaté en flashback et conduisant le lecteur dans une horreur croissante. Lovecraft nous emmène sur les traces du Dr Marinus Bicknell Willett, unique témoin conscient de « l'affaire ». Le scénario est tortueux et palpitant, usant très souvent de raccourcis purement descriptifs au coeur de la narration qui appuient l'intrigue avec moults détails et informations nécessaires. Le final, intimiste, est un long résumé de ce qui a conduit aux événements, avec sa conclusion en demi-ton, après d'incroyables révélations.

Stylistiquement parlant, Lovecraft allège son écriture sans pour autant tomber dans la facilité. Non limité par le format nouvelle, HPL a pris le temps de soigner ses phrases et sa structure narrative.

Ecrit en 1927, L'affaire Charles Dexter Ward, s'appuie sur les fondations mythologiques établies par Lovecraft et fixées l'année précédente dans L'appel de Cthulhu : mystères cosmiques, dieux maudits, livres interdits, souvenirs d'un passé oublié... Par la suite, Lovecraft persistera dans cette veines littéraires et rédigera des textes plus étoffés, plus ambitieux, et surtout plus proches de la novella que de la nouvelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'appel de Cthulhu

L'année 1926 est un grand cru littéraire pour Lovecraft. Tout d'abord, il entreprend la rédaction de son célèbre essai Epouvante et surnaturel en littérature qui est considéré encore aujourd'hui comme une référence en la matière. Il rédige d'autre part un grand nombre de textes fantastiques. Mais surtout, il écrit la pièce maîtresse de son oeuvre, la pierre angulaire de ce qui va devenir le Mythe de Cthulhu : L'appel de Cthulhu, nouvelle d'exposition posant définitivement les fondements de la mythologie lovecraftienne. Refusé dans un premier lieu par Weird Tales, elle sera tout de même publiée dans le « pulp » en février 1928. L'appel de Cthulhu n'est pas une nouvelle comme les autres. Autant que son contenu, son titre étonnant à forgé sa légende. Tout est dit : Cthulhu appelle ses fidèles par la voix et par les rêves... Cthulhu, le dieu maudit enfoui sous le Pacifique, la créature poulpique qui fascine encore et toujours. Aujourd'hui, on ne saurait parler de Lovecraft sans penser à cet « appel ». The Call of Cthulhu est l'alpha et l'oméga de l'univers des Grands Anciens, à la fois introduction et conclusion à la « weird fantasy », l'étrange fantastique de HPL. Si les éléments relatés sont fictifs (quoique ;-), le traitement stylistique est plus proche du documentaire que de la fiction. Lovecraft ne raconte pas des événements, il expose des faits par la bouche de son narrateur, le malheureux Francis Wayland Thurston. Celui-ci est un homme équilibré et cartésien, qui vit une lente descente aux enfers après avoir trouvé des documents légués par son défunt oncle. Thurston ne vit pas l'historie qu'il raconte, il la subit. Contraint malgré lui de comprendre et d'accepter le résultat des recherches de son oncle, il parcourt coupures de presse et dossiers, réunissant peu à peu les pièces d'un étrange puzzle.

Le récit est construit en trois parties distinctes et liées uniquement par leur narrateur. Chacun de ces chapitres apportent son lot de révélations et sa dose de mystère cthulhien. Un pan énorme du voile est soulevé par Lovecraft mais peu à peu, avec l'impossibilité de revenir en arrière. On désire en savoir plus, à l'image de Thurston, en sachant bien que la folie nous guette au bout de ce voyage terrifiant. L'appel de Cthulhu présentent quelques scènes anthologiques et emblématiques de l'oeuvre de Lovecraft : son attirance pour l'art et l'histoire lointaine dans le premier chapitre, son racisme à travers la scène dramatiquement fabuleuse de la messe noire vaudoue dans le second chapitre, son intérêt pour l'inconnu dans le troisième chapitre, celui-là où on voit pour la première et la dernière fois le monstrueux Cthulhu dans toute sa ténébreuse fureur. Le cheminement à la manière d'un reportage parsemé d'éléments concrets et détaillés et l'abscence de véritable fil narratif, si ce n'est l'inéluctable destin de l'humanité annoncé par le narrateur, ont fait de ce texte une oeuvre à part dans la littérature fantastique, une ode macabre à la gloire des Maupassant, Poe et autre Dunsany dans ce qu'ils ont de plus inquiétants et de plus fascinants. Cette nouvelle étant une base pour la suite, Lovecraft va se détacher de son style descriptif et grandiloquent et choisir la voie de la suggestion et des sciences. Dès lors ses monstres ne seront plus que rumeurs, superstitions et ombres. Et quand ils sont explicitement décrits, on ne les rencontrera jamais directement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Azathoth

En juin 1922, Lovecraft achève le dernier épisode du feuilleton horrifique Herbert West, réanimateur. Parallèlement, il commence la rédaction de Azathoth qui demeurera néanmoins inachevé. Plutôt qu'une nouvelle, il s'agit là d'un poème en prose où la beauté et l'émerveillement remplacent le fantastique lovecraftien macabre des années vingt.

Les mots glissent doucement et les songes deviennent réalité. L'histoire se passe hors du temps, dans une époque terne et triste. Un homme choisit de rêver et de retrouver ce qui animait le coeur de ses ancêtres. Lorsqu'il y parvient enfin, l'Infini l'emmène loin, très loin... Cet Infini est très certainement Azathoth, dont Lovecraft fera par la suite le sultan des démons qui tourbillonne au centre de l'univers, l'une des pierres angulaires du Mythe de Cthulhu... Dans ce texte, Azathoth n'est encore qu'une esquisse qui exprime l'inconnu, l'éternel et le divin, sorte de force obscure, quiète et bienveillante.

La Cité Sans Nom

Dans cette nouvelle achevée vers le 25 janvier 1921, Lovecraft mentionne pour la première fois Abdul Alhazred et son fameux verset "N'est pas mort ce qui a jamais dort/Et au long des siècles peut mourir même la mort". Plus tard, HPL fera d'Alhazred l'auteur du Necronomicon.

L'histoire de La cité sans nom est relaté à la première personne par un narrateur décidé à trouver et percer le secret de ce lieu légendaire et maudit enfoui dans les sables de l'Arabie. Il découvrira effectivement la Cité mais ce qu'il y découvrira se révèlera bien plus terrible que ce qu'il imaginait...

La cité sans nom est l'une des nouvelles les plus effrayantes de Lovecraft, principalement grâce à sa structure narrative : un narrateur seul, isolé dans une ville-fantôme, nous relate ses découvertes inquiétantes. On s'enfonce à ses côté dans les sous-sols d'une cité bâtie par des non-humains, jusqu'à la révélation finale, glaciale... et prévisible, certes. Lorsqu'on connait Lovecraft, celà ne surprend qu'à moitié, mais la lente descente aux enfers du narrateur suffit à nous faire frémir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dagon

Lovecraft achève Dagon en juin 1917 mais la nouvelle n'est publié qu'en novembre 1919 dans le fanzine The Vagrant.

L'histoire est raconté à la première personne par un marin dont le navire vient d'être coulé par un destroyer allemand dans le Pacifique durant la Grande Guerre. Ayant fui à bord d'un canot, il échoue sur une étrange île déserte couverte d'algues et de limon noir, comme si elle avait surgie des flots... Il décide d'explorer l'endroit et découvre d'inquiétantes constructions couvertes de hiéroglyphes inconnus. Abasourdi, il n'est pourtant pas au bout de ses surprises...

Dagon pose les fondation du futur Mythe de Cthulhu : on y trouve déjà l'île surgie des flots du Pacifique (qui deviendra R'lyeh, la demeure subaquatique du Grand Cthulhu), les sculptures non-humaines qui couvrent des constructions cyclopéennes, l'association aux religions et mythes connus via Dagon (officiellement dieu-poisson des Philistins), et l'intrusion d'un être humain dans un univers terrifiant dont la nature lui échappe.

Dans cette nouvelle, Lovecraft use également des artifices littéraires qui rendront son style unique et particulier : la narration à la première personne, l'horreur crescendo et la folie naissante du personnage principal...

Le style a un peu vieilli mais Dagon reste une bonne introduction a la littérature lovecraftienne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le descendant

Commencée en 1926, cette nouvelle est malheureusement restée inachevée. Le texte s'ouvre sur un paragraphe mémorable : "J'écris couché sur ce que le docteur dit être mon lit de mort, et ma plus grande déception serait qu'il se soit trompé. Mon enterremùent devrait avoir lieu la semaine prochaine..." Cette introduction magistrale nous donne irrémédiablement envie de lire la suite. La suite est du même acabit : à glacer le sang. Jouant du flashback, dont Lovecraft usera avec brio dans L'affaire Charles Dexter Ward, il nous fait entrer progressivement dans l'histoire. Il travaille plus son style et a un peu délaissé l'ambiance noire et morbide de ses précédents textes mais il nous plonge encore et toujours dans les méandres de son imagination gluante et fascinante, et glisse lentement vers l'univers élaboré et réaliste de L'appel de Cthulhu ou du Monstre sur le seuil.

L'etrange maison Haute dans la Brume

Rédigé en 1926, soit la même année que L'appel de Cthulhu, L'étrange maison haute dans la brume est aussi poétiquement énigmatique que le laisse deviner son titre. Racontée à la troisième personne, elle relate l'aventure d'un dénommé Thomas Olney, marié et père de famille, qui s'obstine à percer le secret d'une étrange bâtisse de Kingsport érigée en haut d'une falaise et au sujet de laquelle circule des rumeurs inquiétantes. Il parvient finalement à entrer dans cette maison mais le prix en sera élevé... Cette nouvelle de Lovecraft est assez courte et met en avant une créature inédite du panthéon cthulhien : Nodens, le seigneur du grand abymes, représentation barbare et sauvage des anciens dieux grecs. Nodens est généralement considéré comme l'un des Dieux Très Anciens, ceux-là même qui bannirent les Grands Anciens de leur domaine près de Bételgeuse. On le retrouve par la suite dans certains autres textes tels que A la recherche de Kadath où il apparaît en ennemi éternel de Nyarlathotep. Cette relation n'est d'ailleurs pas fortuite. Mais Nodens est loin d'être un « bon » dieu. Cependant, son aspect humain et son détachement vis à vis de l'humanité (il ne s'en soucie guère donc il ne lui fait pas de mal non plus) en font une entité intéressante et à l'écart des canons auxquels nous a habitué Lovecraft.

Dans L'étrange maison haute dans la brume, HPL insiste sur l'aspect magique qui transparaît dans la supersition autour de la maison. Le lecteur voit à travers les yeux d'Olney qui magnifie l'édifice maudit. Et quoi de plus fascinant qu'une maison aux volets clôts dont la porte donne directement sur le vide ? On retrouve dans cette histoire la poésie triste du cycle onirique de Lovecraft qui se déroule dans les Contrées du Rêve. Mais L'étrange maison haute dans la brume en sonne aussi le glas : les dieux sont cléments et parfois emplis de bonté mais cela sera toujours au détriment des mortels. Il faut s'y faire, les rêveurs cèdent la place aux cartésiens. La folie n'en sera que plus grande.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Festival

Rédigé en 1923, Le festival est un texte typique de la veine lovecraftienne des années vingt : histoire courte, ambiance glauque et malsaine, lieu et époque indéfinis, fin apocalyptique...

Le soir de Noël, un jeune homme revient dans la ville de ses ancêtres, Kingsport, pour y passer le réveillon... En fait de réveillon, il va assister à une affreuse cérémonie, Yuletide, fondation païenne de Noël, où des dégénérés vont se livrer à des lieues sous terre au culte d'une immonde flamme verte éternelle...

Ce texte met en avant tout le vocabulaire malsain de la dégénérescence, de l'écoeurement et de la maladie. Dès les premières lignes, l'atmosphère répugnante est posée, et celà va en s'empirant. Lovecraft nous emmène jusqu'à une fin peuplée d'être cauchemardesques et clôturée par une citation du Necronomicon. L'horreur à l'état pur.

Le Molosse

Deux jeunes Anglais pilleurs de cimetières, fascinés par la mort et la démonologie, se rendent en Hollande après avoir eu vent d'une rumeur concernant la tombe d'un soi-disant vampire... L'ayant exhumé, ils découvrent un médaillon qu'ils ramènent en Angleterre. Mal leur en prend, car la punition s'abat sur eux, annoncée par un affreux aboiement...

La putréfaction hante ce récit vampirique. Ecrit en septembre 1922 à la suite d'une visite du cimetière hollandais de Flatbush à New York lors d'un séjour chez sa future femme Sonia Greene, Le molosse est sans conteste l'une des nouvelles les plus glauques de Lovecraft, un texte nécrophile à souhait et typique du style littéraire de jeunesse de HPL : lourd et malsain. Tout est noir, dégoûtant, repoussant, monstreux, difforme. Le narrateur use et abuse d'un vocabulaire effrayant, décrivant avec une peur sourde les étranges événements qu'il traverse... C'est de l'horreur pure, sans arrière-plan cosmique, qui contraste fortement avec les recherches narratives et thématiques que Lovecraft poursuivra par la suite.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nyarlathotep

Nyarlathotep est l'une de ces histoires onirique et légendaire profondément malsaine, l'une de ces nouvelles courte qui engloutit le lecteur dans un monde cauchemardesque et désépéré... Durant l'année 1920, Lovecraft rédige plusieurs textes très différents, baignant dans la mythologie, le rêve ou l'horreur primaire, dont cet intriguant Nyarlathotep introduit par un énigmatique paragraphe que Lovecraft a avoué avoir rédigé alors qu'il n'était pas complètement réveillé !

Dans cette nouvelle, un narrateur relate l'ascension sociale politiquement incorrecte d'un Egyptien qui fascine les foules : Nyarlathotep. Exécutant merveilles et miracles scientifico-magiques, il s'annonce comme un nouveau messie, un guide spirituel que ceux qui le rencontrent suivent, fascinés. Mais cette fascination artificielle et magique, cache une réalité bien atroce... Un destin inéluctable attend ceux qui croisent Nyarlathotep. Le narrateur, d'abord sceptique, y succombera lui aussi...

Le ténébreux Nyarlathotep défend déjà sa réputation de meneur. Il n'est pas sans rappeler la Mort Rouge d'un certain Edgar Poe, personnage énigmatique dont l'apparence humaine cache sa véritable nature. On sait qu'il vient d'Egypte mais Lovecraft ne donne aucune autre indication de lieu ou de temps, ce qui accentue encore le malaise qui se dégage de cette nouvelle. Le narrateur, partagé entre son septicisme et sa curiosité, décrit un univers étrange, creux et linéaire, où les humains n'existent qu'à travers les foules. On retrouve cette conception d'un univers vide, intemporel et noir dans Le festival.

Le style est simple, le texte direct. Lovecraft use des artifices de la peur, du dégoût et de l'incrédulité et développe ce personnage clé de son futur Mythe : Nyarlathotep, créature charismatique mais perverse, paternaliste mais dévorante. A mon avis, une excellente histoire, angoissante à souhait, et qui dénonce (volontairement ou non) la manipulation des foules. Cela est d'autant plus intéressant quand on sait que quelques années plus tard Lovecraft écrira une histoire pour le célèbre illusionniste Harry Houdini...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

'Mythologie

oeuvre et la vie de Lovecraft sont des sources d'étude inépuisables... Plus de soixante ans après la mort du Maître, on continue de s'interroger sur son génie inégalé, on étudie, on décortique ses textes, patiemment et passionnément.

De son vivant, Lovecraft n'a jamais donné le nom de Mythe de Cthulhu à son oeuvre et parlait plutôt de "Yog-Sothoteries", en référence à l'une de ses plus fameuses créations... C'est August Derleth, son ami et exécuteur testamentaire, qui proposa l'expression "Mythe de Cthulhu". Le terme même de "mythe" suggère une cosmogonie pseudo-religieuse de dieux, divinités et entités de toutes sortes. L'humanité n'est rien d'autre qu'un grain de sable dans un univers régit par des forces cosmiques effrayantes... Le panthéon cthulhien est à l'image du Mythe lui-même : imprécis et paradoxal. Imprécis parce qu'il est difficile d'établir dans le détail les nombreuses entités déiques qui le composent, paradoxal parce que les différentes sources se contredisent bien souvent entre elles.

Imaginez que demain matin vous vous réveillez avec la certitude que toutes vos croyances religieuses ou spirituelles ne sont que pures fantaisies. Ni Dieu ni aucun de ses avatars dans aucune religion, ni le Diable ou ses incarnations n'existent... Seules de sombres entités extraterrestres nous dominent et guident parfois nos volontés... Elles sont immortelles, autrefois elles gouvernaient l'univers tout entier, aujourd'hui la magie les empêchent de régner... Ces entités ont pour nom Azathoth, Yog-Sothoth, Hastur, Cthulhu, Nyarlathotep, Shub-Niggurath...

Imaginez que des cercles d'adeptes maléfiques, dégénérés, connaissent l'existence de ces entités et les vénèrent aux quatre coins du monde, dans les marais de Louisiane, dans les étendues arctiques, sur les sommets enneigés du Tibet, au coeur de l'Afrique animiste... à côté de chez vous !

Le panthéon cthulhien se divise en deux factions rivales pas toujours distinctes l'une de l'autre : les Très Anciens Dieux également appelés Anciens Dieux ou Premiers Dieux, considérés comme "bons" à l'égard de l'humanité (en fait, ils se moquent éperdumment de la Terre !), et les Grands Anciens aussi appelés Anciens, considérés comme méchants (mais avides d'adorateurs... sur Terre par exemple !).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Dieux Très Anciens :

Rares sont les Anciens Dieux nommés et donc connus, peut-être parce que chacun d'eux n'existe qu'à travers ses semblables. Si l'on en croit les textes, ils seraient les Premiers Dieux, donc engendrèrent d'une manière ou d'une autre les Grands Anciens. Si l'on sait qu'ils vivent selon certaines règles (celles-là même enfreintes par les Anciens), on ignore si leur groupe dont on ne connait pas le nombre est hiérarchisé. Ils vivent au large de Bételgeuse et ne m'immiscent que très peu dans les affaires ne les concernant pas directement.

Les Grands Anciens :

Si on excepte Nodens et Bast, on ne sait rien des Dieux Très Anciens... C'est tout le contraire pour les leurs ennemis héréditaires, les Grand Anciens, aussi appelés Autres Dieux par opposition avec leurs adversaires : ils sont parfaitement identifiables et portent chacun une petite dizaine de noms selon l'endroit de l'univers où on les vénèrent. Ils sont assez nombreux mais pas tous d'égal puissance et certains sont prisonniers sur Terre. Ils ont tendance à s'affronter mutuellement, par défi ou par vengeance, ce qui n'empêche pas leur groupe d'être en partie hiérarchisé, peut-être en prévision de l'heure de la délivrance... On peut classer ces Grands Anciens en trois grandes catégories :

  1. Les divinités majeures : Azathoth, Yog-Sothoth, Cthulhu, Hastur, Shub-Niggurath, Nyarlathotep et peut-être quelques autres.
  2. Les divinités mineures : Ithaqua, Ghatanothoa, Rhan-Tegoth, Zhar, Glaaki, Atlach-Nacha...
  3. Les Autres Dieux Inférieures, divinités anonymes, aveugles et stupides

A l'aube des temps, tous vivaient au large de Bételgeuse mais il semble que les Anciens, en désaccord avec les Premiers Dieux, défièrent les règles imposées par ceux-ci, ce qui provoqua leur courroux. Une épouvantable guerre fratricide s'ensuivit.

Mais les Premiers Dieux n'avaient rien perdu du terrible spectacle et, pour punir les Grands Anciens de leurs actes, les exilèrent aux quatre coins de l'univers. Le sceau magique des Anciens Dieux fut apposé sur la porte de chacune des prisons pour interdire toute fuite aux Grands Anciens...

Après de longs millénaires de lutte, les Grands Anciens furent vaincus par ceux dont ils avaient bravés les lois, et bannis de Bételgeuse. Certains d'entre eux arrivèrent sur Terre où la vie n'en était qu'à ses prémisces. Là, ils durent affronter la Grand Race, un peuple venu de Yith dans les confins de l'espace. Ayant repoussé cette possible menace, les Grands Anciens s'installèrent, bâtirent et érigèrent des cités aussi sombres que leur âmes, en ruminant leur vengeance. Il asservirent les créatures qui peuplaient la planète et semèrent la peur et le doute dans les esprits de ceux qui refusaient de les honorer...

Il est dit que lorsque les étoiles auront repris la configuration qu'elles avaient au moment de l'emprisonnement des Grands Anciens, ces derniers seront libérés car la protection magique du Signe des Anciens Dieux n'agira plus... Il arrive cependant que certains parviennent à traverser le voile de la réalité et à intervenir dans notre monde, tel le Grand Cthulhu qui insuffle les rêves et les cauchemars. Yog-Sothoth, symbole du temps et de l'espace, est contraint de résider en-dehors de l'univers mais il arrive parfois qu'il s'y matérialise...

D'autre part, less entités et les secrets du Mythe de Cthulhu existent également dans une dimension parallèle à la nôtre et appelée Terre du Rêve... Ce monde de fantasy est accessible à certains rêveurs, peut-être en faites-vous partie...

Voilà dans les grandes lignes le Mythe de Cthulhu. A l'origine, Lovecraft n'avait pas intégré l'idée de lutte entre le Bien et le Mal et c'est encore une fois Derleth qui s'est attelé à cette tâche, essayant ainsi de créer une cosmogonie et une mythologie cohérente. De nombreux auteurs, amis ou successeurs de Lovecraft ont ainsi enrichis le Mythe avec leurs galeries de créations et leurs cortèges d'horreurs. Parallèlement, Lovecraft a régulièrement intégré dans le Mythe certains éléments extérieurs pré-existants, comme Le Roi en Jaune, pièce de théâtre maudite cité par Robert W. Chambers dans son recueil éponyme.

Et c'est peut-être là le plus grand avantage du Mythe de Cthulhu : il n'est pas cohérent mais extensible, permettant par exemple aux rôlistes du jeu L'Appel de Cthulhu d'élaborer des scénarios audacieux.

Toutes les histoires fantastiques écrites ou révisées par Lovecraft ne concernent cependant pas le Mythe de Cthulhu au premier degré avec ses créatures, ses lieux et ses personnages récurrents. Néanmoins, toutes découlent d'une veine fantastique unique qui voit dans l'innommable la source de l'angoisse ; ainsi dans La couleur tombée du ciel, probablement l'une des nouvelles les plus terrifiantes et les plus réussies d'HPL, ou encore dans Dans les murs d'Eryx, unique intrusion de Lovecraft dans la science-fiction, aucun élément du Mythe n'est cité...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Livres Maudits du Mythe

Tout occultiste digne de ce nom se doit de posséder dans les rayonnages de sa bibliothèque quelques-une des volumes ci-dessous... La plupart d'entre eux sont malheureusement aujourd'hui introuvables, les rares exemplaires existants étant généralement sous bonne garde dans les bibliothèques nationales ou universitaires. L'Université Miskatonic d'Arkham possède ainsi un large panel d'ouvrages "maudits" consacrés directement ou indirectement au Mythe de Cthulhu...

Le livre de sorcellerie est un artifice indispensable dans les histoires d'épouvante, il rend le texte plus inquiétant puisque le lecteur se posera inévitablement la question fatale : ce livre est-il imaginaire ? Lovecraft ne s'y pas trompé et a introduit très rapidement dans ses nouvelles des livres à l'atroce contenu, réels ou fictifs. Le plus connu est bien évidemment le Necronomicon mais bien d'autres ouvrages parsèment les lignes angoissantes des textes lovecraftiens. Ainsi, le De Vermis Mysteriis, le Livre d'Eibon, les Unaussprechlichen Kulten ou les Cultes des Goules rejoignent l'Al-Azif sur les étagères des boutiques poussiérieuses de choses anciennes. Voici un petit récapitulatif de ces ouvrages...

 

 

 

 

 

 

 

 

Cultes des Goules

Publié en 1703 à Paris, ce livre en français est l'oeuvre de François-Honoré Balfour, comte d'Erlette. Ce dernier y relate ses expériences interdites en tant que membre d'un culte secret dédié aux goules. Le livre fut rapidement censuré par l'Eglise et Balfour condamné et emprisonné jusqu'à sa mort en 1724. Les d'Erlette furent contraints d'émigrer en Bavière où il changèrent l'orthographe de leur lignée en Derleth. L'écrivain August Derleth, ami et exécuteur testamentaire de Lovecraft décédé en 1971, était le descendant de Balfour... Il ne subisterait aujourd'hui que quatorze exemplaires des Cultes des Goules.

Le Roi en Jaune

Rédigée en français par un inconnu, Le Roi en Jaune est une pièce de théâtre publiée au XIXe siècle. Tous les exemplaires ont néamoins été détruits sur ordre du gouvernement français et seule une traduction anglaise de 1895 est encore en circulation ; en cherchant bien, on peut parfois la trouver chez les bouquinistes londoniens ou parisiens... Cette pièce, dont la couverture s'orne souvent du Signe Jaune, a une étrange force d'attraction sur ceux qui la lisent ; les esprits rêveurs se laissent facilement emporter dans d'étranges songes peuplés de créatures inquiétantes et de l'énigmatique Roi en Jaune. Généralement, les lecteurs érudits sombrent dans la folie car des choses terrifiantes leur sont révélés. Souvent affilié à Hastur, Le Roi en Jaune est peut-être un manuel d'incantation magique pour invoquer cet Ancien. Peut-être s'agit-il plus simplement d'une bible à l'usage de ses adorateurs. Le professeur Otto Liebenfels, de la fondation Celephaïs, a récemment découvert une version inédite et inconnue du Roi en Jaune, signée de la main d'un certain Raphaël Deluc qui fut en son temps dramaturge pour un mystérieux baron Vénéki. Il semble peu probable que la pièce de Deluc soit la version originale de la pièce, en revanche il est indéniable qu'il ait eu connaissance du véritable Roi en Jaune et probablement d'un certain nombre d'autres livres interdits, peut-être par l'intermédiaire de son mécène Vénéki. Il n'est pas impossible que celui-ci ait d'ailleurs mis en scène cette pièce. Deluc étant mort fou et le nom de Vénéki ayant disparu des registres, celà reste du domaine de l'hypothèse...

 

 

 

 

Manuscrits Pnakotiques

Traduits en anglais et compilés en livre au XVe siècle, ces manuscrits ne seraient ni plus ni moins que des reliques rédigées par la Grand'Race qui régnait sur la Terre il y a cinquante millions d'années (les "Yithiens"). L'auteur de cette compilation affirme d'ailleurs que les Manuscrits Pnakotiques seraient préhumains. A l'heure actuelle, il n'en existe que cinq versions connues gardées précieusement dans des bibliothèques européennes et américaines, dont la bibliothèque de l'Université Miskatonic : quatre exemplaires sont des manuscrits de la traduction anglaise, le dernier est une ancienne traduction hyperboréenne.

Necronomicon

Bien des inconscients qui se disaient prudents ont cherchés à percer les secrets indicibles du Necronomicon, ouvrage de référence du Mythe de Cthulhu... Rares sont ceux qui ont survécu à l'expérience. S'il ne sont pas morts, ils sont devenus fous... Auriez-vous le courage d'en dénicher un rare exemplaire, de l'ouvrir et de le lire?

 

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