Biographie
Michael John Moorcock est né le 18 décembre 1939, à Mitcham, ville du Surrey peu éloignée de Londres. Son père est ingénieur et sa mère (née Brown?) est comédienne, d'origine juive. Il passe pendant la guerre une enfance inconsciente où le combat mondial pour la liberté lui procure une liberté individuelle inégalée. Il reprendra de façon, très autobiographique, beaucoup d'éléments de cette période dans "Mother London", où on peut le retrouver dans le personnage de David Mummery. Avec ce roman, Moorcock revient aussi sur la place de la musique dans la vie, Mummery est un joueur de guitare et Moorcock considérait dans son jeune âge (15 ans) qu'il jouait de la guitare, non parce qu'il était bon, mais que cela lui permettait d'être bien avec les filles et qu'elles l'appréciaient.
De fait, malgré une intelligence au-dessus de la normale, Michael suit un parcours scolaire de cancre (on dirait sans doute aujourd'hui qu'on n'a pas su voir le surdoué en lui), émaillé de renvoi en cascade de toutes les écoles de la région. Cette scolarité chaotique n'est, heureusement, pas en mesure de lui faire méconnaître la littérature et dès l'âge de 5 ans, sous le regard bienveillant de sa mère, il dévore les aventures de Tarzan comme les oeuvres de George Bernard Shaw.
Quittant l'adolescence et le collège Pitmam où il acquiert les rudiments de la dactylographie, il devient journaliste à Fleet Street, où son enthousiasme le conduit à devenir rédacteur en chef en 1957 de "Tarzan Adventures", dirigé par Ted (John) Carnell où paraît en août 1957 "Sojan the swordsman", sa première nouvelle publiée dans ce pulp. Parallèlement, il joue de la musique country avec un groupe semi-professionnel les "Greenhorns", s'apprêtant comme les autres à faire face à la déferlante "Rolling Stones" ou "Yarbirds".
Sur sa précocité dans l'édition, il est sans illusion, ayant compris après coup qu'il devait sa promotion à sa capacité de travailler 18 heures par jour, 6 ou 7 jours par semaine. A cette époque, il écrit tout azimut des "strips" pour des magazines relatant les aventures de "Kit Carson", "Robin Hood" ou "Buck Jones", mais il revient toujours moins cher de reprendre in extenso les parutions américaines, ce qui le fait rapidement licencier de ses différents emplois car en plus il ne peut s'empêcher de vouloir à chaque fois révolutionner les habitudes des postes qu'il occupe. Lors de son passage au Globe, il rencontre Barrington Bayley dont il classe la série "The knights of the limits" parmi ses oeuvres de SF préférées et avec qui dès 1959, il publie "Peace on Earth" sous le pseudonyme de Michael Barrington
Curieusement, alors que les comics américains inondent l'Europe et l'Angleterre, les romans US de science-fiction ne sont pas disponibles à Londres. C'est au cours d'un voyage musical vers 1957 à Paris qu'il découvre " Stars my destination" d'Alfred Bester qu'il place au premier rang de ses romans préférés (préférence qu'il partage entre autres avec Norman Spinrad). Il entreprend de grandes virées européennes où il mélange musique et acquisition de références culturelles; il reconnaît ainsi qu'Elric est né sous la double influence des mythes nordiques et de l'existentialisme français. Et plus que tous les autres, il voue une admiration sans borne à Mervyn Peake dont la fille, Claire Peake, sera l'actrice principale du film "Group 65" qui ne sera jamais terminé.
En ce temps là, un homme, Ted Carnell, a une influence importante, voire capitale sur Michael, car c'est lui qui le pousse à mettre sur le papier les aventures d'Elric de Melniboné et qui entraîne le premier texte "The dreaming city" d'une longue série parue dans "Science Fantasy" à partir du numéro 47 de juin 1961. Ted Carnell est aussi et surtout le créateur de New Worlds, un fanzine paru juste avant la guere et qui faisait suite à " Novae Terrae " de Maurice Hanson. Arrêté pendant la guerre, New Worlds redémarre en 1946. En 1964, Ted Carnell en confie les rênes à Michael Moorcock qui va en faire l'outil de diffusion de la nouvelle vague britannique, comme annoncé dans l'éditorial de la revue n°129 d'avril 1963 par Moorcock lui-même. A noter qu'en 1957, lors de la worldcon britannique, à laquelle Michael participe, New Worlds décroche l'un des 3 Hugo distribués.
A cette époque, après avoir brièvement tâté de la politique, Michael Moorcock est marié depuis 1962 avec Hilary Bailey, une journaliste de 3 ans plus âgée que lui, avec qui il a en 1963, deux filles, Katherine et Sophie. Comme toujours avec brio, dans l'urgence, il tente de concilier écriture, diffusion commerciale, musique et innovation. Il découvre ou fait redécouvrir des auteurs anglais comme Brian Aldiss, B.J. Bayley, D.M.Thomas, George MacBeth, J.G.Ballard ou Langdon Jones et s'enthousiasme pour des américains comme Thomas Disch, John Sladek ou Roger Zelazny. Il passe des heures à discuter avec Samuel Delany, Harlan Ellison, Judith Merrill et Thomas Disch pour faire valoir son point de vue sur le renouveau nécessaire de l'écriture de science-fiction et il n'est pas étonnant de retrouver parmi ses interlocuteurs tous les auteurs identifiés comme initiateurs de la nouvelle vague.
Pour l'anecdote, citons le groupe musical gag " the Bellyflops" dont l'album produit pour la convention de 1965 avec Charles Platt ( qui continuera New World avec Hilary après le départ de Michael), Roger Morris, Pete Taylor, Bob Sellars et Langdon Jones fera un bide notoire.
Cependant ses idées passent mal, et en dehors du cercle étroit de New Worlds, le public ne suit pas et la revue connaît des difficultés financières. Il produit à la chaine pour réduire ses dettes et donne ainsi le jour aux côtés d'Elric, à une succession de nouveaux champions : Corum, Hawkmoon, Kane, Glocauer...Il crée aussi Jerry Cornelius, ce double parodique qui deviendra le pivot de textes nombreux écrits par lui et ses amis et dont il souhaitait que le lecteur soit poussé à faire marcher sa propre imagination. Toute cette période est marqué par une écriture nerveuse, où l'imagination est sans borne et où Moorcock retrace la lutte éternelle du bien et du mal, de la loi et du chaos. Moorcock se garde bien de faire de ses héros des êtres binaires, au contraire marqués par une tragédie antique qui remonte aux siècles passés, ils sont les jouets du destin sans pouvoir, même s'ils en ont conscience, pouvoir y échapper. Les héros de Moorcock sont des héros solitaires, condamnés à perdre leurs amis et leurs amours, pour finalement n'avoir qu'un recours, leur arme, cette épée qui pourfend toujours plus et réclame son dû d'âme quand le moment est venu.
Malgré de nombreuses sollicitations, Michael n'a jamais autorisé une exploitation cinématographique d'Elric et de ses autres "super héros" et ne semble pas très attiré par le monde du cinéma. On trouve cependant une adaptation de "The final programme" où le rôle de Jerry Cornelius est joué par Jon Finch. Ce film n'est pas resté dans les annales du 7eme art. Moorcock a participé en tant que scénariste à quelques films : "The Land that Time Forgot" tiré d'Edgar Rice Burroughs ou "Group 65", déjà cité et écrit une novellisation "The Great Rock 'n' Roll Swindle" du film consacré au Sex Pistols.
En 1971, Hilary donne naissance à Max et voit son mari s'éloigner. Il quitte New Worlds, divorce et recommence une nouvelle vie. Il s'éloigne aussi de l'écriture et participe aux débuts d'Hawkwind ( nom raccourci de l'original "Hawkwind Zoo"), groupe créé en 1969. L' album "Warrior On The Edge Of Time" qui sort en 1975 et contient le single "Kings of speed" s'inspire très largement du thème de l'éternel champion.
En même temps, Doug Smith, le manager d'Hawkwind suggère à Michael de sortir son propre album et c'est ainsi que sous le nom de "The Deep Fix" avec Graham Charnock et Steve Gilmore, et quelques autres, sort un premier single comprenant deux chansons : Starcruiser et Dodgem Dude. Ces deux textes seront repris dans l'album "The New Worlds Fair" qui sort en 1975. Un peu plus tard en 1977, il est contacté par Eric Brown du groupe "Blue Öyster Cult" ce qui entrainera sa participation à quelques albums (écriture seulement) de 1979 à 1981.
A l'issue des années 70, il épouse une artiste anglaise, Jill Riches dont il divorce deux ans plus tard en 1979.
En 1981, il est à Los Angeles pour rencontrer Harlan Ellison qui est alors accompagné d'une assistante nommée Linda Steele. Michael ne la quittera plus et l'épouse. Il utilisera d'ailleurs le pseudonyme L. Steele pour signer les paroles de "Choose your Masques" album de Hawkwind de 1982. En 1985, l'album "Chroniques of the black sword" basé sur l'histoire d'Elric, sort ne comportant qu'un texte de M. Moorcock "Sleep of a Thousand Tears". Michael participe cependant à plusieurs concerts pendant lesquels il lit des poèmes spécialement composés pour l'occasion.
A partir de ce moment, il voyage beaucoup, avec pendant 15 ans l'Angleterre pour point d'ancrage, avant depuis peu de s'installer à Austin, Texas tout en continuant à passer de nombreux mois à Londres. Il consacre en 1988 un livre superbe, déjà évoqué ci-dessus, à la capitale anglaise et où il livre de nombreuses clefs autobiographiques. Ces dernières années, Michael Moorcock a continué à se multiplier : il a repris sa collaboration avec New Worlds relancé en 1991, il continue à contribuer aux albums de Hawkwind, il peaufine ses sagas : Elric en 1989 et 1991, Jerry en 1984 et ajoutant à la grande famille de ses héros, les Von Bek ou le colonel Pyat.